Lendemain de retrouvailles • Beth

Si je me souvenais de la nuit dernière, bien sûr que oui. Comment aurais-je pu oublier cela aussi vite ? Surtout que j’avais rêvé que cela se reproduise depuis si longtemps déjà. Six ans, il avait fallu six ans pour qu’Erwan && moi nous rendions compte que nos sentiments l’un envers l’autre ne se limitaient plus à une simple amitié. Certes, il nous a fallu un bon moment mais il paraît que plus on attend && plus c’est bon. En effet, ça avait bien été le cas && lui comme moi avions tout fait durant la soirée passée pour que cela se prolonge. J’entends que nous avons pris pas mal de temps à dîner afin de nous faire patienter encore un peu. Après tout, nous avions attendu six ans alors on pouvait attendre encore un peu… Ce fut comme je l’avais imaginé : fusionnel, tendre, délicat && plein d’amour. Je n’avais pas de raisons de me plaindre && je n’avais guère l’intention de le faire.

Paisiblement endormie, je ne me doutais pas qu’Erwan était éveillé en train de me regarder. J’aurais probablement été gênée mais c’était ridicule. Après tout, il m’avait vu dans mon plus simple appareil alors je n’avais plus rien à cacher à présent. Soudain, je sentis comme une poussière qui me chatouillait le nez. Par réflexe, je donnais un léger coup sur mon nez pour l’enlever && j’ouvris finalement les yeux. Ce n’était qu’Erwan qui commençait déjà à me taquiner. Incorrigible celui-là mais je l’aimais tel qu’il était. J’esquissais alors un large sourire sur mon visage. Bizarrement, cela me troublait qu’il soit dans mon lit. Nous n’avions jamais dormi ensemble avant aujourd’hui. Certes, nous avions fait l’amour une fois mais j’avais du rentrer chez moi car je n’étais censée passer que l’après-midi avec lui && connaissant ma mère, heureusement que j‘étais rentrée à l’heure. Je souriais comme une idiote, ne sachant pas quoi dire tellement j’étais heureuse. Je me rapprochais finalement de lui pour me coller contre ce corps que j’avais tant désiré. Mes lèvres rencontrèrent les siennes && un frisson m’envahit. C’était dingue l’effet qu’il me faisait. Il interrompit finalement cet échange && je lui dis alors.

Bonjour monsieur James… Tu aurais pu t’habiller quand même, dis-je avant de rire.

J'enroulais alors ma jambe autour de la sienne && nous n'aurions pas pu être plus proche. J'aimais sentir son odeur, croiser son regard bleu azur, goûter à ses lèvres && pouvoir me coller à lui dès le matin. J'aurais tellement aimé que cela puisse arriver tous les jours. J'aurais aimé ne plus avoir à le quitter un instant.

"Tu ne vas pas t'en plaindre quand même."

[désolée, c'est nul --']

Je n’aurais pas pensé qu’il s’oserait à me taquiner ainsi avec une mèche de cheveux alors que je dormais encore. En effet, il arrivait que je me réveille mal lunée && les jours comme cela, il valait mieux tenter de m’éviter. D’ailleurs, j’étais été étonnée d’être rayonnante plutôt que râleuse après ce léger réveil. Je devais probablement être encore calme parce que je me disais que ce n’était qu’Erwan qui m’avait gentiment réveillé. Venant de quelqu’un d’autre, le comportement aurait pu être beaucoup plus violent. Comment aurais-je pu regretté cette nuit passée en sa compagnie ? Depuis six ans, j’en rêvais toutes les nuits && maintenant qu’on avait réitéré la chose, je n’avais qu’encore plus envie de recommencer. Quand même, il fallait bien qu’on se repose car j’étais épuisée après la nuit qu’on avait passé. J’étais si bien collée contre lui && j’avais l’impression d’être la seule à pouvoir le voir dans une situation comme celle-ci. Après ma phrase, j’avais moi aussi rigolé. Le fait que je n’ai pas perdu mon humour ne pouvait être que rassurant. Je sentais la main d’Erwan parcourir mon dos && de nouveaux frissons me parcoururent encore une fois. C’était dingue, à peine me touchait-il que je n’étais plus maîtresse de moi-même.

Ah ça non, je ne me plains pas du tout. J’adore t’avoir avec moi dès le matin. Ca serait si bien si ce pouvait être comme cela tous les jours, dis-je avec une pointe de mélancolie dans la voix.

A cet instant, je ne pensais pas encore à la manière dont Erwan pourrait quitter ma maison car, d’ailleurs, j’aurais aimé qu’il ne s’en aille jamais mais je savais parfaitement que c’était totalement impossible… malheureusement. Il m’embrassa à son tour && je prolongeai le baiser tout en posant une main sur son torse. Ca faisait tellement de bien de l’avoir avec moi. J’avais l’impression de redevenir une enfant && que plus rien ne pouvait venir nous déranger. J’en oubliais presque les paparazzis, dis donc. Tout comme lui, je n’avais jamais été aussi heureuse d’avoir quelqu’un auprès de moi. Je me disais que c’était parce qu’on s’aimait réellement mais pas seulement. Je pensais aussi que le fait que nous sachions tout l’un de l’autre ne pouvait instaurer qu’une confiance totale l’un envers l’autre && cela faisait terriblement de bien de ne pas se soucier de ce qu’il puisse arriver. Envie d’être avec lui pour toujours ? Cette envie m’habitait depuis l’enfance mais c’était seulement maintenant que j’étais grande que j’arrivais à m’en rendre compte. En y pensant, quelle perte de temps tout de même !! Je le regardais dans les yeux && ce sourire ne me quittait pas. Au bout d’un moment, je me suis assise dans le lit &&, du coup, je n’étais plus dans ses bras. D’ailleurs, cette sensation de ne plus avoir ses bras autour de moi ma faisait bizarre. Je m’étais assise pour arrêter de devoir affronter son regard affreusement troublant. J’osai alors une parole.

Ca te dit un petit déjeuner ? Je regardais finalement la pendule && je me mis à rire. Enfin… Petit déjeuner à midi ou tu veux du salé ?

" Je le voudrais moi aussi..."

"Je devrais peut-être tuer tous les paparazzis. On serait tranquilles."

"Je prefererais un petit déj'. Notre premier petit déj'."

Je ne comprenais vraiment pas comment nous avions tenus aussi longtemps avant de recommencer. Maintenant, je ne me sentais même pas capable de me séparer de lui && pourtant, je savais parfaitement que nous allions devoir le faire à un moment ou à un autre. Je ne voulais plus me passer de lui. J’avais si longtemps refoulé ces sentiments que j’éprouvais que c’était une vraie délivrance de pouvoir faire ce que je voulais avec lui… du moins, en l’absence de public. L’avoir auprès de moi comme cela me donnait envie de continuer à me battre pour ma carrière pour ne pas qu’on m’oublie. C’était en quelque sorte ce que j’avais fait avec lui. Même si, parfois, je me disais que cela n’arriverait jamais car il fréquentait d’autres filles, j’avais refusé d’abandonner le contact car il avait toujours été la personne dont j’avais le plus besoin dans la vie.

Non, évite de faire cela s’il te plaît… C’est pas que j’aimerais pas qu’ils disparaissent mais tu irais en prison && je veux pas avoir à attendre tant de temps pour pouvoir t’embrasser…

Je lui disais cela avec un large sourire sur mon visage alors qu’il riait encore après sa remarque. Ces fous rires incontrôlés m’avaient manqué. Il n’était pas rare que nous nous mettions à pouffer de rire juste parce que nos regards s’étaient croisés. Les gens n’arrivaient pas à comprendre souvent && c’était justement cela qui était intéressant. Nous nous comprenions mais les autres ne nous comprenaient pas.

Je n’avais pas pu résister à un autre baiser. Maintenant que je le pouvais, j’avais bien l’intention d’en profiter un maximum. Il pratiquait de légères caresses sur ma jambe && ça avait le don de me troubler tout ça. Nos lèvres se séparèrent quand j’eus décidé de m’asseoir. Il avait beau tenté d’être discret, je remarquais sans aucun problème qu’il me regardait sous toutes les coutures. Etrangement, cela ne me fit rien. Ses regards me donnèrent juste l’impression d’être désirée && cela faisait un bien fou.

D’accord, c’est parti pour un petit déjeuner…

Je faisais mine de rien mais ce qu’il venait de me dire me fit extrêmement plaisir. Qu’il prononce des mots tels que ceux-là signifiait que nous deux, c’était du sérieux && je ne pouvais que me réjouir de cette découverte. J’avais effectivement espéré que ce soit cela mais sait-on jamais. Il aurait pu avoir changé d’avis. J’allais sortir de la chambre lorsque je me rendis compte que j’étais nue. J’ai alors pouffé de rire en regardant Erwan. Je n’étais pas très douée parfois mais bon j’avais toujours été un peu tête en l’air de toute manière. Je repartis vers le lit. Je cherchais alors activement ma culotte parmi la pile d’habits. On n’avait pas pris soin de plier tout avant de se sauter dessus. Je finis finalement par la trouver && l’enfilait aussitôt. Je trouvais finalement le tee-shirt d’Erwan. Je le pris dans les mains && prit une grande inspiration pour m’imprégner de son odeur. Il me regardait alors && je lui souris bêtement. Je l’ai enfilé && l’ait rejoint à la porte. Il me prit la main && je l’entraînai dans la cuisine. A peine après avoir franchi la porte, je me permis de goûter une nouvelle fois à ses lèvres. J’ouvris le frigidaire && j’ai finalement lâché sa main. Il me restait de la pâte de pancakes, ce dont je raffolais. Je sortis aussi des fraises, ce que j’adorais aussi d’ailleurs, de la chantilly, du sirop d’érable && je pris le Nutella dans l’armoire au dessus de ma tête. Je pris également une poêle au passage && me voilà partie pour préparer des pancakes pour Erwan. Cela faisait longtemps que je n’avais pas fait de pancakes pour lui. Cela me fit sourire.

"Tu me manquerais aussi. Je vais donc résister. Pour toi."